Booba/Kaaris en prison jusqu'au procès voici leur déclaration en garde à vue
05 août 2018 à 08h02
Il est 20h10 mercredi lorsque Élie Yaffa et Okou Gnakouri prennent place, à quelques centaines de mètres d’écart, devant les enquêteurs de la Direction de la police aux frontières (DPAF) à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne). Les deux ennemis ne sont plus les célèbres rappeurs Booba et Kaaris mais deux hommes de 41 et 38 ans, en garde à vue pour s’être livrés à une bagarre déplorable avec leurs clans respectifs six heures plus tôt. Finies les joutes verbales par « flows » interposés : tous deux font acte de contrition et nient avoir prémédité la rixe à des fins publicitaires, selon les procès-verbaux d’auditions que nous avons consultés.
« Je regrette que ça soit arrivé […] Je fais la différence entre la violence du rap et ma vie réelle, qui est celle d’un père de famille qui s’occupe des siens », affirme Kaaris, qui précise qu’il aurait « changé d’avion » s’il avait su la présence de son rival. « Avec tout ce qui se passe – Vigipirate, les attentats, les militaires –, c’est une mauvaise idée de faire ça dans un aéroport. La preuve, on est tous en cellule », se défend, de son côté, Booba.
A 14h50, mercredi, Kaaris apparaît dans le champ d’une caméra qui couvre la zone des boutiques de duty free de la salle d’embarquement n° 10. Assis avec trois amis et son DJ, il s’adonne à une séance de photos avec quelques fans dans l’attente de son vol pour Barcelone, où il doit se produire dans un complexe. Booba, qui a déjà passé les contrôles, n’est qu’à quelques mètres de là, sur l’allée principale. Il doit prendre le même vol pour un concert dans une boîte de nuit barcelonaise. Lorsqu’il aperçoit son rival, il se met à marcher « d’un pas déterminé » dans sa direction. Accompagné de Cheick F., son garde du corps, il lâche son sac au sol. Kaaris, lui, fait quelques pas vers Booba avant de reculer.
« Quels étaient ces projectiles ? », l’interroge un policier. « Je ne sais pas exactement, des bonbons, des bouteilles, du parfum de la boutique », répond Booba, qui n’a pas le « souvenir » d’avoir insulté Kaaris et sa famille. Là, les deux clans se frappent violemment à coups de poing, de pied… et de parfums : un flacon « Allure Homme sport » ensanglanté a été retrouvé. Booba reconnaît s’en être emparé, mais pas pour l’utiliser « comme arme ou projectile » : le sang serait le sien.
Les images montrent ensuite le groupe de Kaaris en difficulté. Celui-ci est en infériorité numérique. Le rappeur natif d’Abidjan se réfugie dans un duty free, Booba à ses trousses. Un proche qui lui vient en aide est tabassé par le rappeur boulonnais et deux membres de son clan en même temps : « Je concède que sous le coup de la colère et l’énervement, suite aux coups de bouteilles qu’il avait mis avant, on lui a mis une raclée », explique Booba, qui dit avoir manqué de se faire ouvrir le crâne.
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