Publié : 9 juillet 2018 à 11h19 par La rédaction
Du rosé espagnol vendu comme du rosé français :Une fraude de 10 millions de bouteilles
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A la brasserie du coin, au supermarché ou chez votre caviste, il est possible de se faire flouer en achetant un rosé espagnol à la place d’un vin français. La raison ? Un étiquetage ambigu voire totalement mensonger.
Amateurs de rosé, soyez vigilants ! A l’heure de l’apéro, vous risquez d’avoir de mauvaises surprises. Parmi nos nectars rosés, cultivés et mis en bouteille en France, se cachent des millions de bouteilles et de cubis importés d’Espagne. Tour d’horizon des anomalies, tromperies et fraudes constatées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Les résultats de cette enquête réalisée en 2016 et 2017, que nous dévoilons, sont stupéfiants.
Des importateurs fraudeurs. Les gros importateurs français de vins étrangers ont été contrôlés par les agents de la Répression des fraudes. L’objectif : tester la traçabilité du vin importé d’Espagne pour vérifier qu’il n’était pas, au bout du compte, « francisé », c’est-à-dire revendu comme un « Vin de France ».
« Nous avons constaté des fraudes chez quatre négociants-producteurs, explique Alexandre Chevallier, le directeur de cabinet adjoint de la DGCCRF. Ces cas de francisation concernent plus de 70 000 hectolitres de vin. » Soit l’équivalent de 10 millions de bouteilles de rosé !
Près de Narbonne, un négociant a maquillé à lui seul 30 000 hectolitres de vin en trois ans. Si les enquêtes sont en cours, des procédures pénales pour tromperie, pratique commerciale trompeuse, tromperie en bande organisée ou usurpation de signes de qualité sont ouvertes. Avec des peines allant jusqu’à deux ans de prison et au moins 300 000 euros d’amende.
Des étiquettes trompeuses. Les ruses pour vous faire croire que le rosé est issu de nos terroirs sont légion ! Lors des contrôles réalisés dans plus de 1000 magasins, les enquêteurs ont relevé de nombreux cas de non-conformité.
Sur d’autres bouteilles ou cubis, une fleur de lys, une cocarde française, la mention « Produced in France » ou encore la mention « Embouteillé en France » sont mises en avant et induisent en erreur. Bilan : 25 procès-verbaux pour pratique commerciale trompeuse ont été dressés. Et dans un supermarché d’Île-de-France, 16 700 bouteilles d’un vin espagnol à l’étiquetage ambigu ont été retirées des rayons.
Des rayons de supermarchés mal rangés. « Il s’agit bien souvent d’erreurs qui ne sont pas volontaires mais qui peuvent tromper le consommateur », décrypte Quentin Guyonnet-Duperat. Exemple ? Dans un rayon censé vendre du vin français bénéficiant d’une indication géographique protégée (IGP), les enquêteurs ont trouvé plus de 40 % de vins étrangers ou de la Communauté européenne.
Autre anomalie, souvent due à une erreur de référencement : les étiquettes de prix non mises à jour qui mentionnent une origine française alors qu’il s’agit d’un vin étranger.
Des restaurateurs mal intentionnés. Sur la carte, on vous propose le classique « vin de la maison », un « kir aligoté » voire un « vin IGP OC ». Sauf qu’en cuisine, le serveur remplit votre verre d’un vin… espagnol !
Sur près de 2500 établissements contrôlés, de « nombreuses » non-conformités ont été constatées par la DGCCRF. « Dans le cadre du projet de loi faisant suite aux Etats généraux de l’alimentation, un amendement a été discuté au Parlement pour rendre obligatoire l’origine des vins sur la carte, précise Alexandre Chevallier. Cela vise à réduire ces pratiques trompeuses. »