Publié : 7 mars 2018 à 20h00 par La rédaction

La Grande Récré en faillite et 3 magasins menacés dans les Hauts-de-France

MONA FM
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Fin de partie pour La Grande Récré? Le numéro deux de la distribution de jouets en France va être placé sous peu en redressement judiciaire selon des sources proches du dossier, confirmant une information du Figaro. Le coup est rude pour les 1.600 salariés de l'enseigne. Après des ventes de Noël décevantes pour un chiffre d'affaires 2017 de 460 millions d'euros, en dessous de l'objectif, les banques n'ont pas suivi l'entreprise déjà lourdement endettée à 150 millions d'euros. En manque de trésorerie, avec une ligne de crédit de 75 millions d'euros bloquée, le groupe fondé en 1977 était pris à la gorge. Elle va ainsi demander le dépôt de bilan devant le tribunal de commerce de Paris. L'audience entérinant la mise en redressement judiciaire doit intervenir d'ici la semaine prochaine. Des discussions se sont tenues sous l'égide du CIRI (Comité interministériel de restructuration industriel) à Bercy afin de trouver une solution pour contenter tous les créanciers. Elles n'ont pas abouties, butant sur les sûretés demandées à l'entreprise.

"L'objectif est d'obtenir une période d'observation de 6 mois au tribunal afin de poursuivre le plan engagé pour réduire le nombre de magasins, notamment ceux non rentables nous explique une source proche du dossier. Cela en concerne plusieurs dizaines". La Grande Récré souhaite également poursuivre le passage de nombreux magasins en franchise. Le groupe détient actuellement 164 magasins en propre pour 252 magasins dans l'Hexagone. Il revendique 10% de parts de marché du secteur.

L'enseigne possède 400 magasins dans le monde et emploie 2 500 collaborateurs. Dans la région Hauts-de-France, il ne reste que trois magasins ouverts : Dunkerque, Maubeuge, Bruay-la-Buissière. Lille, Villeneuve d'Ascq ou Amiens ont déjà fermé ces derniers mois.

La Grande Récré a enchaîné les handicaps en fin d'année dernière, période où les enseignes de jouets réalisent plus de la moitié de leur chiffre d'affaires annuel. Le mastodonte du secteur Toys"R"us se déclare en faillite en septembre 2017. "Du coup ils ont voulu faire entrer des liquidités rapidement à Noël en destockant et en bradant leurs produits avec des prix à la baisse développe Frank Rosenthal, consultant en marketing. Les enseignes de grande distribution ont suivi le mouvement et La Grande Récré a été obligée de s'aligner".

Attentats, Amazon et faiblesse sur internet
La situation de La Grande Récré avait déjà commencé à se tendre en 2015. Suite aux attentats parisiens de novembre, le groupe avait pâti des craintes sécuritaires des Français qui se sont tournés massivement vers le e-commerce plutôt que vers les magasins. Et La Grande Récré est en plus très présente en Ile-de-France. Le géant du jouet a réagi en cédant la même année le magasin britannique Hamleys, seulement 3 ans après son acquisition, afin de se reconstituer une trésorerie et de sécuriser avec les banques son plan de financement 2016-2020. A l'évidence cela n'a pas suffi.

"La Grande Récré a perdu 5,6% de chiffre d'affaires l'année dernière, plus que le marché du jouet qui est en recul de 1% à 3,4 milliard d'euros selon le cabinet NPD" note le consultant en marketing. La Grande Récré subi comme d'autres le "showrooming". Les clients repèrent des produits en magasin, comparent ensuite les prix, puis achète ceux-ci sur internet moins chers. "Avec des jouets c'est très facile de faire du showrooming détaille Frank Rosenthal, d'autant que les marques et références sont comparables aisément".