Publié : 23 septembre 2019 à 6h52 par La rédaction
Thomas Cook, s'est déclaré cette nuit en faillite
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Le plus ancien voyagiste du monde, le britannique Thomas Cook, s'est déclaré cette nuit en faillite après avoir échoué au cours du week-end à trouver des fonds nécessaires pour sa survie, déclenchant le rapatriement sans précédent de ses quelque 600.000 clients en vacances dans le monde. Les autorités britanniques notamment vont devoir organiser le retour de 150.000 de leurs ressortissants, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne Monarch il y a deux ans. Elles ont activé un plan d'urgence baptisé "Opération Matterhorn", du nom d'une campagne de bombardement américaine lors de la deuxième guerre mondiale.
"Le gouvernement et l'Autorité de l'aviation lancent l'opération de rapatriement la plus importante pour des civils de l'histoire en temps de paix", a fait valoir le département britannique des Transports dans un communiqué. Le groupe a expliqué que "malgré des efforts considérables" au cours du week-end, "les discussions entre les différentes parties prenantes du groupe et de nouvelles sources de financements possibles n'ont pas débouché sur un accord.
Le conseil d'administration a donc conclu qu'il n'avait d'autre choix que de prendre les mesures pour entrer en liquidation judiciaire avec effet immédiat". En parallèle, l'Autorité britannique de l'aviation civile (CAA) a affirmé que Thomas Cook "a cessé ses activités avec effet immédiat. Toutes les réservations Thomas Cook, vols et séjours, sont désormais annulées". Les cabinets AlixPartners et KPMG devraient être nommés administrateurs des différentes filiales du groupe. Le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, a souligné que "bien qu'un accord ait été déjà largement approuvé, une requête pour des fonds supplémentaires ces derniers jours a présenté une difficulté qui s'est révélée insurmontable".
"Les clients qui sont à l'étranger doivent consulter le site www.thomascook.caa.co.uk et ne se rendre à l'aéroport que lorsqu'ils ont un vol alternatif confirmé", enjoint la CAA qui précise les numéros des lignes téléphoniques spéciales ouvertes pour aider les voyageurs (0300 303 2800 en Grande-Bretagne et Irlande, +44 1753 330 330 depuis l'étranger).
La CAA ajoute avoir sécurisé des avions spéciaux pour cette opération colossale qui devrait durer jusqu'au 6 octobre, même si certains touristes pourront rentrer par des vols commerciaux. Elle rappelle que les voyages organisés bénéficient de la garantie ATOL, qui découle d'une directive européenne.
Cette législation s'applique aux autres membres de l'UE, notamment la France et l'Allemagne qui ont de gros contingents de clients de Thomas Cook, et ces derniers devraient bénéficier de fonds de garantie locaux.
Thomas Cook, le plus ancien voyagiste du monde s’est déclaré en faillite, déclenchant ainsi le rapatriement sans précédent de plus de 600 000 clients dans le monde, dont 9 842 Français. Une situation qui n’est pas sans rappeler les derniers « déboires » dans le secteur du tourisme, notamment Aigle Azur et XL Airways.
Flightright et ses porte-parole sont disponibles pour vous apporter leur analyse et éclairage sur ces diverses actualités.
- En théorie les voyageurs ne sont pas censés avancer les frais, qu’en est-il dans la réalité ? Quels peuvent-être leur recours ?
- Comment les remboursements s’effectuent dans ce type de situation, inédite ?
- Quelles différences entre une réservation effectuée auprès d’une compagnie et une agence de voyage pour les conditions de remboursements ?
- Thomas Cook opérant des vols avec des compagnies partenaires, vers qui les voyageurs peuvent-ils se tourner ? Quel rôle les compagnies aériennes partenaires ont-elles ?
- Comment expliquer cet « automne » noir dans le secteur du tourisme ?
« Cette situation est historique et donc très complexe dans sa gestion. En effet, il faut comprendre que Thomas Cook est un groupe avec des filiales. Il faut donc faire la différence entre les vol réservés avec Thomas Cook UK et Thomas Cook France. Pour la première, en faillite, se pose la question du type de voyage : vol simple ou voyage à forfait (vol + séjour). Pour les voyages à forfait, les voyageurs bénéficient de la couverture ATOL, leur garantissant une prise en charge afin d’être rapatriés. Pour les voyageurs ayant uniquement acheté des billets d’avion, la garantie n’entre pas en application : il appartient aux passagers de trouver par eux même une solution. Au regard de cette situation exceptionnelle, l’autorité britannique de l’aviation civile va rapatrier en Angleterre tous les passagers, peu importe leur nationalité ou leur éligibilité au fond de garantie ATOL. Les autorité françaises elles, vont très probablement se mobiliser, comme elle l'ont déjà fait par le passé. Thomas Cook France n’est quant à lui pas encore impacté par la faillite, même si des conséquences négatives paraissent inévitables. Les voyageurs peuvent donc dès à présent prendre contact avec Thomas Cook France pour l’annulation de leur voyage. » déclare Rémy Duquenne expert juridique chez Flightright.
« Nous assistons ces dernières semaines à une situation sans précédent avec de nombreux acteurs du tourisme dans la tourmente. Un phénomène miroir des dernières évolutions dans le secteur. En effet, les compagnies ont pendant de nombreuses années rivalisé d’offres à prix très bas pour attirer les voyageurs. Thomas Cook, acteur historique dans le secteur, n’a pas su s’adapter à l’apparition du low cost. En France également, la situation est relativement compliquée pour les compagnies, à la fois mises en difficultés par les taxes et les redevances, mais aussi par la guerre des prix qui fait rage dans le secteur touristique » souligne Rémy Duquenne.
"Vu l'ampleur de la situation, quelques perturbations sont inévitables, mais la CAA va faire son possible pour ramener les gens chez eux aussi près de la date prévue que possible", que ce soit pour les gens couverts par ATOL ou non.
La CAA relève que les clients ayant acheté un séjour qu'ils n'ont pas encore utilisé auront droit à "un remboursement complet", et que ceux qui sont coincés à l'étranger pourront aussi recouvrer les frais encourrus sur place si leur retour est retardé.
Aurore Escamilla